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17 mai 2011

autour d'un thé

chronique extraite du nouveau site du journal le calame http://www.lecalame.info/
Les problèmes des milliers de dockers, manœuvres et autres employés informels du Bureau d’Embauche de la Main d’Oeuvre Portuaire (BEMOP) du Port Autonome de Nouakchott seront réglés. C’est le Président de la république, toujours pas décidé à être président de la République, mais chef général de l’Etat, grand Gorgorlu, en visite au port, le mercredi dernier, 4 mai 2011, qui l’a dit. Enfin, plusieurs décennies d’injustice, de traitements dégradants, d’exploitation de majeurs vont prendre fin. C’est, en tout cas, la promesse que son Altesse a faite à ces cohortes humaines, manipulables, taillables et corvéables à merci, depuis que cette institution scélérate (le BEMOP) a été fondée, à la fin des années soixante-dix. Comme les hautes fonctions étatiques, ministères, secrétariats généraux, directions générales et centrales, intendances des corps constitués, établissements publics, états-majors et régions militaires, chancelleries, conseils d’administrations des sociétés et autres, le BEMOP sert, depuis longtemps, de miroir aux alouettes, destiné à apprivoiser les hommes et à gérer leurs turbulences. Son patron actuel, Mohamed Ould Cheikhna, ex-commandant de l’armée, membre du directoire des Cavaliers du changement qui tentèrent de renverser Maouya, en 2003, et candidat à l’élection présidentielle de mars 2007, ne fait plus dans la dentelle. Plus de bruit, plus de revendications, démission de HATEM. Gestion peu différente de celle des autres: népotisme, enrichissement illicite, motus et bouche cousue. Comme quoi, l’Etat a aussi ses esclaves qu’il donne à qui il veut. Au Port autonome, ils sont des milliers sans statut, sans droits, sans humanité. Cette question soulève, en général, celle d’autres injustices sur lesquelles l’Etat entretient un silence assourdissant et presque complice. C’est, d’une part, le travail journalier et, d’autre part, le travail à la tâche, communément appelé tâcheronnat. Deux phénomènes d’exploitation dont l’ampleur a quasiment institutionnalisé l’appauvrissement de centaines de milliers de citoyens – les ouvriers ont des familles – et l’enrichissement, en un temps record, d’une petite poignée de privilégiés. A titre d’exemple, dans des sociétés comme la SNIM, la SOMELEC ou la SNDE, 90% du travail est exécuté par des journaliers, sans droits d’assurance, sans sécurité sociale et sans avenir. Les travailleurs de la MCM, de Woodside, Petronas, Pizzorno et bien d’autres sont recrutés par des hommes d’affaires sans scrupules, pour des salaires qui représentent, à peine, 20 à 30 % des salaires formulés dans les contrats initiaux d’engagement (avant sous-traitance, donc). Les nombreuses revendications, comme celle des travailleurs journaliers de la société minière de Zouèrate ou celle des employés temporaires de la SOMELEC, dont certains cumulent jusqu’à trente ans de services, ne trouvent aucun écho, à quelque niveau que ce soit des structures de l’Etat. Les incessantes réclamations des principales centrales syndicales ne semblent pas persuader l’Etat à entreprendre de réelles réformes, pour la promotion et l’émergence de plus de justice et d’équité, en matière d’emploi et de garantie des droits. Les nouvelles dispositions, prises au dernier Conseil des ministres de jeudi dernier, réglementant le travail des domestiques, constituent une avancée, significative, en ce domaine. Mais une véritable politique, basée sur la justice et le souci de la préservation de la paix sociale, doit être à la base d’une réglementation spécifique, organisant les modalités et les conditions du travail à la tâche et du travail journalier. La politique de l’autruche, de la sourde oreille et de la langue de bois exaspère les employés, endort les employeurs et approfondit le fossé, entre la poignée de riches et les nombreuses cohortes de pauvres. En décidant de rendre visite aux travailleurs, dockers et manœuvres du Port, Mohamed Ould Abdel Aziz semble prendre conscience de ces réalités. Sa promesse de mettre fin au calvaire de ces malheureux vient s’ajouter aux nombreuses autres, tenues à l’endroit des médecins, des enseignants, des étudiants, des gens de Tarhil, des pauvres de Hay Sakin, des retraités militaires et civils, aux pêcheurs, des agriculteurs, des mareyeurs, des femmes, des jeunes, des islamistes, des journalistes, des veuves, des charretiers, des taximen, des organisations des droits humains; bref, de tous les Mauritaniens. Une accumulation de promesses, une grande montagne qui, espérons-le, n’accouchera pas d’une toute petite souris… comme d’habitude.

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